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[Coronavirus] L’angoisse des plus précaires

Avec le confinement, la pression sur les personnes en situation de pauvreté s’est souvent accrue.

La crise sanitaire a plongé certaines personnes « dans une précarité plus grande que jamais », constate Xavier, volontaire permanent d’ATD Quart Monde. Il décrit ainsi la situation d’un homme s’abritant depuis plusieurs années sous une tente, au bord de l’Oise. « L’accueil de jour de Pontoise, où il allait prendre petit-déjeuner, repas, douche et recharger son téléphone deux fois par semaine, est fermé depuis début mars. Le bus de distribution de nourriture, qui s’arrêtait chaque semaine près de la gare de Pontoise, ne vient plus. Pôle Emploi est fermé. S’il n’actualise pas par Internet son dossier à Pôle Emploi, il va perdre le RSA, ce qui serait une catastrophe, car en plus d’être sans domicile, il serait sans aucune ressource. »

Pour beaucoup de personnes en situation de pauvreté, la fermeture de nombreux lieux d’accueil et d’aide alimentaire, mais aussi des laveries et des services publics a accentué les difficultés de la vie quotidienne. La restriction des déplacements pose problème. « Les magasins de proximité sont jusqu’à quatre ou cinq fois plus chers », constate ainsi Nathalie, militante Quart Monde. « Le plus dur, c’est de ne pas pouvoir faire mes courses comme d’habitude. Il n’y a pas de bus pour me rendre à 5 km, là où j’ai habitude d’aller, alors je dois restreindre mes achats dans un petit commerce car c’est assez cher », ajoute, Lucienne, militante Quart Monde.

Les dépenses imprévues s’accumulent, comme les coûts des repas pris d’habitude à la cantine pour les enfants, l’augmentation de la facture d’électricité et du forfait téléphonique liée à une plus grosse consommation. À cela s’ajoute la crainte de l’amende de non-respect du confinement, souvent jugée abusive. « Pour quelqu’un qui n’a pas beaucoup de ressources, une amende de 135 euros, c’est une catastrophe, cela détruit le budget du mois », souligne Vincent, militant Quart Monde.

Des ruptures

Le confinement a également été synonyme de rupture pour de nombreux militants Quart Monde. Ruptures familiales pour ceux qui ne parvenaient plus à recharger leur forfait téléphonique pour joindre leurs proches, mais aussi pour ceux qui ne pouvaient plus voir leurs enfants placés car les visites étaient annulées ou pour ceux qui ne pouvaient se rendre à l’enterrement d’un parent.

Rupture professionnelle aussi parfois. « Un jeune avait commencé un parcours d’insertion et tout s’est arrêté », rapporte Maggy, volontaire permanente. Les projets de stage, de permis de conduire ont ainsi été remis à plus tard, bloquant des espoirs d’emplois. « Après de longues années sans emploi me permettant d’avancer et d’être sécurisée, je venais, enfin, d’intégrer une entreprise qui mettait en avant le savoir-être. Malheureusement, le secteur d’activité fait que, tout de suite touché par la crise du Covid-19, mon emploi a été annulé. J’ai mis plusieurs jours à l’accepter. Mais j’essaie de relativiser, surtout quand je sais que mes ex-employeuses vivent une situation bien plus grave, à travers les risques de faillite de leur entreprise », raconte Edith, militante Quart Monde.

Et après ?

Pour tous, cette situation crée donc beaucoup de stress. « Comment mobiliser les banques pour qu’elles stoppent les frais de comptes, les agios, les découverts, les blocages de comptes? Elles, elles continuent de travailler et ne font pas de cadeaux. C’est angoissant, les dettes ne se mettent pas en confinement, elles », regrette Nathalie.

« C’est très insécurisant comme situation. On s’interroge beaucoup sur ‘l’après’. Comment va se passer la reprise du travail après le chômage partiel ? Est-ce que, pour compenser les milliards d’euros dépensés actuellement pour faire face à cette situation, le gouvernement va ensuite réduire les minima sociaux, les aides sociales ? » s’interroge Élodie, militante Quart monde, avant de conclure : « On ne se leurre pas, on sait que ceux qui vont trinquer, ce sont les plus pauvres ».

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Cet article est extrait du Journal d’ATD Quart Monde de mai 2020.

 

Photo : Distribution alimentaire à Paris début 2020. © JCR, ATD Quart Monde

Rue piétonne entièrement vide. © Carmen Martos, ATD Quart Monde